jeudi 4 décembre 2008

L'EPISTOLAIRE

ERNESTINE CHASSEBOEUF




Petite biographie





Ernestine Troispoux, épouse Chassebœuf, est une épistolière française née en 1910 à Botz-en-Mauges et disparue en 2005.


1920
Sa famille déménage pour Rou-Marson, près de Saumur, à l'Est du département.


1922
Elle effectue, sa communion solennelle.
Elle perd définitivement la foi lors de la kermesse paroissiale de Rou-Marson, après une intoxication alimentaire aux religieuses pas fraîches.


1923
Elle obtient son certificat d'études. On lui offre un dictionnaire Larousse.

Ouvrage de référence dont elle se servira toute sa vie.



En bref...



Elle se battit avec détermination contre la taxe d'emprunt dans les bibliothèques , pour la culture, la nature, la poésie, avec les grévistes (en ne nourrissant pas ses poules), pour l'école vraiment laïque sans voile, sans MacDo, pour les petites gens contre ce monde marchand qui veut « écraser tout ce qui est petit ». Ernestine Chasseboeuf, à 95 ans, armée de sa seule plume et de son bon sens paysan, écrivait aux grands de ce pays tout ce que nous avons sur le coeur, et a sans doute fait changer l'air de rien, la face de ce monde de brougnes. « Au pays des brougnes, les aveugues sont moins qu'de ren ». Ernestine, reviens nous ouvrir les yeux !




Quelques oeuvres :







- La brouette et les deux orphelines.






Correspondances sur le droit de prêt en bibliothèque, Vauchrétien : I. Davy ; Angers : Éd. Deleatur, 2000



- Ernestine écrit partout, tome 1 (1999), Paris, Ginkgo, 2004


- Ernestine écrit partout, tome 2, Paris, Ginkgo éditeur, 2004


- Ernestine écrit partout, tome 3 (correspondances 2000-2005), Paris, Ginkgo éditeur, 2005




LETTRES ECRITES PAR ERNESTINE




le 21 janvier deux mille et un Ernestine Chasseboeuf
49320- Coutures







à M. le Directeur de l'Université de la Gare Saint-Serge




Monsieur le Directeur,

Comme vous savez peut-être si vous prenez le Ouest-France, je suis assez âgée ce qui me laisse le temps d'aller au bibliobus. C'est là que j'ai emprunté un livre sur Jean-Pierre Brisset, le Prince des penseurs. J'ai choisi ce livre-là à cause du nom, j'ai connu une épicière à Chemillé qui s'appelait Brisset autrefois et je crois même que c'était de la famille de mon mari. Ça raconte que ce monsieur a écrit plusieurs livres, qu'il a été élu Prince des penseurs à Paris en 1913, et surtout qu'il a habité longtemps à Angers et même qu'il travaillait à la Gare Saint-Serge, près de chez vous. Alors je voulais vous souffler une idée pour votre université toute neuve, si vous avez à lui donner un nom, ça serait bien de l'appeler Université Jean-Pierre Brisset, vous pouvez-pas continuer à l'appeler Saint-Serge puisque c'est pas une université catholique comme l'autre, et il y a déjà Saint Martin , Saint Julien, le Sacré Coeur et je dis pas tout, alors Saint Serge en plus ça ferait trop. Si vous pouviez m'envoyer un petit mot pour me dire ce que vous en pensez, même si c'est la secrétaire qui l'écrit c'est pas grave, je pense bien que vous avez pas que ça à faire avec tous vos élèves et les devoirs à corriger. J'attends votre réponse positive, écrivez à Coutures, le facteur me connaît et j'espère que ma lettre vous trouvera de même,
Ernestine Chasseboeuf


PS: J'écris aussi au Maire d'Angers, avant les élections faut en profiter, ils peuvent rien nous refuser, si on a pas l'Université Jean-Pierre Brisset on aura peut être une petite rue ou même une piscine pour commencer.
(Pas de réponse)





Extrait de la lettre qu’elle envoyait en 1999 à Philippe Val de Charlie Hebdo pendant la guerre du Kosovo




«Monsieur, Je vous en veux beaucoup d’avoir fait pleurer mon vieux copain le facteur-poète Jules Mougin en écrivant des âneries dans votre journal n° 358. Il me l’a fait lire, c’est vrai que ça surprend de voir ça écrit par vous : Dire non à la guerre ne veut rien dire, on est obligé de faire la différence entre les guerres… J’ai l’habitude de lire votre journal, mon voisin me le passe quand il l’a fini. Vous devriez arrêter d’écrire pendant un moment, vous devez être fatigué, ou alors écrivez dans Le Monde, il paraît que le patron c’est un marchand d’armes, il refuserait pas de vous embaucher.[…] Si vous décidez de vous reposer pour réfléchir un peu, vous allez vous ennuyer, alors je vous envoie un modèle de cagoule à tricoter pour les aviateurs américains, vous êtes le troisième à qui j’en envoie après Noël Mamère et la Sarôte qui dit des conneries plus grosses qu’elle le midi chez Ruquier. Faites bien attention où c’est écrit AVIS IMPORTANT, si les trous sont pas en face des yeux, pourrait y avoir des bavures et vous seriez responsable de ça aussi, Bonnes vacances,




Ernestine Chassebœuf.»

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